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Intro
La semaine dernière, j’ai pris une semaine de vacances dont le but premier était en fait de me changer les idées et de bouger. Durant ces derniers mois, j’ai passé une grande partie de mon temps à Léo, ce qui est normal considérant qu’il s’agit de la ville dans laquelle est établie mon organisation partenaire, la Fédération Nian Zwé. Il n’est reste pas moins qu’il me tardait de bouger, de voir du pays et de regagner une certaine liberté de mouvement qu’offre un rythme de vie étudiant, mais qui est difficile à obtenir dans le cadre d’un ‘’vrai’’ travail, avec un horaire plus rigide et des conditions de travail plus formelles. Il s’agissait donc, en quelques sortes, d’anti-vacances : pas question d’aller m’allonger quelque part pour relaxer et se me reposer.
Dans ce but, je m’étais donc fixé un itinéraire relativement ambitieux au regard du temps qui m’était impartie et surtout de la qualité des routes. Voici, avec un merveilleux dessin d’un niveau de qualité Paint, un aperçu de l’itinéraire (d’autres images de meilleure qualité suivront peut-être):

Le tout fait environ 2500 km, à plus ou moins 200km je dirais.
C’était un itinéraire ambitieux d’une part parce que selon la légende, les routes dans le nord du Ghana, et spécialement dans la région de la Volta, sont mauvaises. Elles le sont d’autant plus lors de la saison des pluies, qui fait des ravages sur les routes de terre battues, travaillées sans cesse par des poids lourds surchargés. D’autre part, l’itinéraire n’avait pas trop été testé auparavant, donc la fréquence et la disponibilité des moyens de transport restait à établir. Tout cela m’allait : ça faisait partie de l’expérience. De toutes manières, on verra que la réputation des routes du nord, bien basée sur une certaine réalité, s’est quelque peu exagérée avec le téléphone arabe (ou le téléphone Ghanéen, c’est selon).
P-S: Vous excuserez les images fortement compressées et de petit format… vous avez des connexions rapides. Mais pas moi! Il faut aussi considérer que c’est mon premier réel essaie à afficher des photos dans WordPress. J’ai donc opté pour le méthode simple, mais il existe sans doute des options plus perfomantes offrant de meilleurs résultats… J’ai simplement manqué de patience. Il faut dire que compiler tout cela et préparer les photos est assez long (3 bonnes soirées de travail!).
Léo – Tamale
On démarre en fait ici :
Léo, petite ville ou j’habite, le samedi matin. Étant une ville frontalière, on m’avait dit qu’il était possible, les jours de marché, de changer les CFA, monnaie utilisée au Burkina, en Ghana Cedis (GHC). Il me fût impossible de trouver un changeur ‘’officiel’’ (enfin, aussi officiel qu’un changeur au noir puisse l’être), ou alors un commerçant ayant besoin de GHC à un taux acceptable. On m’a dit par contre qu’il me serait facile de changer les CFA à Tumu, ville frontalière côté du Ghana… Ok. L’argument était exactement le même pour Léo et s’est avéré faux, mais on verra bien…
Au moins, il est effectivement possible de quitter Léo pour aller à Tumu avec un tro-tro. En tous les cas, il y en a un qui part le samedi matin. C’était également une dose d’incertitude, puisque l’itinéraire classique implique plutôt de remonter jusqu’à Ouaga au nord pour redescendre vers Pô (beaucoup plus long, mais un itinéraire beaucoup plus fréquenté). Je ne me plains donc pas.
Tumu kids: j’ai pris peu d’images avant d’arriver dans la région de la Volta, mise à part quelques clichés à la volée à bord d’un taxi ou tro-tro.
Je dois être né sous une bonne étoile : les douaniers sont sur-gentils et ne présentent aucune difficulté. Lorsque je leur dit que je vais à Tamale, ils accélèrent même les procédures en me disant que le car part de Tumu dans 30 minutes et que je dois me dépêcher! J’arrive juste à temps pour le départ, je débarque à Tamale vers 17h et Mina là-bas me dis que 40 APS et JFs d’ISF vont souper vers 18h. Comme timing en Afrique, difficile de faire mieux. Belle occasion de revoir mes confrères au Ghana, d’échanger avec les JFs qui devaient à la base aller au Burkina mais qui ont plutôt été envoyés au Ghana en raison des troubles ainsi que de renouer un peu avec Mark, Mike et Dan, confrères de pre-dep à Toronto. De Léo à Tamale par Tumu, il faut compter environ 400km, dont une bonne partie de route de terre d’une qualité décente.
Tamale – Bimbilla
Pas de photos à l’envolé à bord du tro-tro ou du taxi cette fois-ci, principalement en raison de la forte pluie qui a sévit durant la majeure partie de ce trajet d’environ 200km (mais qui durera près de 6 heures!). Également en raison d’un certain besoin de protéger mon équipement photographique de la chute d’eau qui sévissait au-dessus de ma tête : j’ai découvert durant le trajet Tamale – Yendi (Est de Tamale, avant de bifurquer au Sud vers Bimbilla) que l’imperméabilité du toit d’un tro-tro n’est pas à prendre pour acquise. L’eau s’accumulait dans l’entre-toit pour par la suite se décharger, au gré des virages, sur ma tête par le trou d’un haut-parleur depuis longtemps enlevé. Malgré tout, il s’agissait seulement du 2e pire siège lors de ce voyage, le pire siège étant réservé au gars à l’arrière à gauche, car la vitre était manquante, avec des conséquences prévisibles pour le degré d’humidité de ses vêtements lors d’une pluie abondante.
Remarque: il est possible d’avoir froid, même en Afrique.
Néanmoins, une fois arrivé à Bimbilla, en fin d’après-midi, la pluie s’était arrêtée. J’aurais pu continuer jusqu’à Nkwanta, environ 100km plus loin, cependant vu le temps nécessaire à couvrir ces 200 derniers kilomètres j’ai jugé préférable d’arrêter ici pour la nuit. Il aurait peut-être été difficile de trouver un transport à cette heure, en tous les cas.
Bimbilla m’a laissé une impression assez mélangée, difficile à saisir. Immédiatement après mon arrivée, j’en ai profité pour prendre quelques clichés. Les enfants surtout se sont montrés particulièrement coopératifs et les gens étaient accueillants. Bref, l’ambiance était bonne et j’avais une bonne impression générale. Le soir venu, je suis sorti pour trouver quelque chose à manger, seulement pour être plutôt déçu : l’ambiance avait disparue, la ville était presque déserte et même les vendeuses de riz et de poulet frit n’avaient pas d’entrain. Je suis rentré au guest house et la soirée était un peu morne. Il faut dire que c’était un dimanche. Néanmoins, voici quelques photos :

Drumming life away : tout juste après être débarqué du tro-tro, j’entends des percussions. Je me retourne pour voir ces gamins qui joue du drum dans cette charrette tirée par des ânes! Cela a probablemet contribué à ma bonne impression initiale.

Bimbillatown : Rue principale de Bimbilla, avec une jeune fille particulièrement motivée à poser pour la photo.

Dead end : En voilà un qui n’ira pas beaucoup plus loin…
Bimbilla – Hohoe

Optimistic : La réputation des routes de la région n’était certes pas sans fondements, comme en témoigne cette photo. Ceci étant dit, elle reste à mon avis praticable à l’année, même en pleine saison des pluies, et on peut également croiser de gros transporteurs comme celui qui vient à notre rencontre. Le problème principale pour voyager dans cette région (outre la lenteur des déplacement) est plutôt au niveau de la fréquence et de la disponibilité des véhicules, qui ne répondent à aucune horaire et partent parfois une seule fois par jour d’un village donné…

Over the Top : Une alternative aux moyen de transport de personnes ‘’officiels’’ reste le transport de marchandise. Les gens s’empilent sur les camions de marchandises, qu’il s’agisse de petits camion ou alors des remorques tel que sur la photo précédente. Tout dépend de l’urgence de votre déplacement, et aussi un peu de votre tolérance au risque.
Hohoe était en fait la première ‘’vraie’’ destination à atteindre du voyage. On y retrouve quelques possibilités intéressantes de randonnées (collines, chutes), dont la plus haute montagne du Ghana. J’y ai passé un peu plus de 2 jours, tout d’abord pour me rendre à Wli Falls (les plus hautes chutes d’Afrique de l’Ouest et apparemment les 4e plus haute du monde) et ensuite pour conquérir le monde Afadjato, la plus haute montagne du Ghana. Hohoe est également, avec Ho, la ville la plus importante de la région de la Volta. Généralement, les visiteurs n’iront pas beaucoup plus au Nord et ils arriveront plutôt du Sud, à partir d’Accra en général. La route est entière pavée et en bon état jusqu’à Hohoe, se dégrade peu à peu jusqu’à Jasinka avant de mourir et de laisser place à la terre battue pour la portion nordique.

Wli Falls, 1ere partie : Et c’est ici que vous partagez ma légère déception quant à la 4e plus grande chute du monde : elle est en fait brisée en 2 section et il n’est pas vraiment possible d’apercevoir les 2 sections en même temps (sauf hélicoptère peut-être). Il s’agit ici de la première partie de la chute, photographiée à 1/5s pour mieux capturer le mouvement de l’eau, ce qui donne l’effet un peu surréel à la chute.

Village de Wli : Cette photo démontre pourquoi il n’est pas facile de faire de la photo dans la jungle. En partie parce que les éclaircie décente entre les arbres sont rares, mais également parce que lors de la saison des pluies, le ciel est le plus souvent couvert. Je n’ai pas été très choyé point de vue lumière lors du voyage. On voit ici le village de Wli, le plus près des chutes. Photo prise sur le sentier entre la 1ere et la 2e partie des chutes.

Wli Falls, 2e partie : La partie la plus élevée de la chute, après une randonnée plus longue et plus ardue que la première partie (qui était franchement très facile), vue entre les branches de la jungle ghanéenne.
On vous imposera sans doute un guide, qui n’est nullement nécessaire si vous avez déjà fait un tant soit peu de randonnée (le sentier est évident du début à la fin). Ceci étant dit, le nôtre s’est avéré être riche en information, pertinent et divertissant et ce fût au bout du compte une bonne chose de l’avoir avec nous (j’avais rencontré 2 albertains au départ du sentier et nous avons fait la randonnée à 3 plutôt que d’avoir 2 guides). L’indépendant borné en moi trouve que c’est néanmoins franchement agaçant, car il y a peu de choses qui m’énervent davantage que de me faire prendre par la main pour monter un escalier. Ceci étant, la partie travailleur en développement en moi comprend que c’est une bonne façon de créer de l’emploie à partir de sites naturels. Les deux s’obstinent toujours à ce jour.

Welcome to Mt Afadjato : La plus haute montagne du Ghana (ce qui ne reste toujours que 885m).

Cheveux dans le vent : Pour s’y rendre, il faut tout d’abord prendre un taxi à partir d’Hohoe jusqu’à Lioti. Ensuite, la piste partant de Lioti jusqu’à Lioti Wote (prononcez Lioti Woté) étant mauvaise, vous devrez prendre un taxi-moto, la plupart des taxis refusant d’abîmer leur véhicule. Ici mon ami Petro, rencontré à Lioti (décidemment, on oublie les randos en solitaire au Ghana), semble apprécier ce moyen de transport en commun moins usité.

Go with the flow : moi qui s’amuse dans un ruisseau (litéralement).

Welcome to the Jungle : la seule image que j’ai vraiment des sentiers dans la jungle Ghanéenne. C’est en grande partie en raison du soleil, absent pour la majeure partie du trajet. Rien de plus terne qu’une photo en forêt par ciel nuageux, mais le soleil à travers les feuilles, quand il se pointe, peut donner une touche intéressante.
Qu’en est-il des légendaires routes de la Volta? Les routes en tant que telles ne sont franchement pas si mauvaises et à mon avis elles restent fonctionnelles sauf peut-être lors des pires pluies torrentielles que puisse apporter la saison des pluies au Ghana. Pour peu que vous acceptiez de vous faire brasser un peu (beaucoup), ça ira. Le principale problème est la fréquence des transports, qui est basse et aléatoire, ce qui constitue une excellente manière, si vous êtes malchanceux, ce prendre 2 ou 3 jours pour faire un trajet qui peut, si les circonstances vous sont favorables, n’en prendre qu’un seul.